Objet : Absence de consultation du secteur agricole sur le “carbon farming”, malgré les graves impacts sur notre agriculture et le climat
Monsieur le Ministre,
Cette semaine, le Trilogue
européen devrait acter sa position sur le Cadre de certification des
absorptions de carbone (CRCF). La Commission européenne, le conseil des
Ministres de l’environnement, et le Parlement européen ont en effet acté
leur position. Il s’agit d’une position cruciale pour notre avenir
climatique, mais aussi de notre agriculture. En effet, le secteur
agricole est directement concerné par la proposition qui acte le système
du « carbon farming » : vendre des crédits carbone sur base du stockage
des sols agricoles, et permettre ainsi à des industries de « compenser
leurs émissions ».
La FUGEA, comme de nombreux scientifiques et associations, dénonce ce mécanisme :
– Premièrement, parce que les
fondements de base de ce mécanisme ne permettent pas de régler les
problèmes climatiques : stockage non permanent, limité dans le temps et à
impact global (très) limité. Un dispositif aussi important doit être
validé scientifiquement ce qui n’est pas le cas !
– Deuxièmement, parce que les
systèmes renforcent les dérives dans le monde agricole : petite ou
moyenne ferme défavorisée, rachat de terre par des acteurs externes,
etc. Vous le savez, la FUGEA se bat pour avoir des politiques publiques
plus justes et assurer l’accès au foncier. Le “carbon farming” fait
l’inverse en privatisant les aides à l’agriculture, en favorisant les
grandes fermes et la spéculation foncière.
Si le système du « carbon
farming » est aberrant, la prise de décision au niveau de l’Union
européenne l’est encore plus ! Le cadre a été construit et voté en un
temps record. Aucune étude d’impacts ou de réflexions autour des balises
nécessaires (notamment sur la gestion publique du système) ont été
menées. Surtout, ce sujet n’aura fait l’objet d’aucun débat publique ou
politique.
En Wallonie, les syndicats agricoles n’ont jamais été consulté. Cette absence de consultation est interpellante, d’autant plus à la vue de l’importance des impacts sur notre secteur. La FUGEA refuse que l’avenir de nos fermes et de nos ambitions climatiques soient mis en péril par des décisions prises en douce ! Notre syndicat sollicite une rencontre d’urgence sur ce sujet, afin d’avoir des explications et échanges sur ce dossier crucial pour notre agriculture wallonne. Et ceci d’autant plus que la Belgique va prendre la présidence de l’Union européenne.
Dans l’attente de vous
rencontrer, nous vous remercions pour l’attention et l’énergie que vous
accorderez à notre demande et vous transmettons nos salutations
distinguées.
Quentin Goffinet, Président de la FUGEA faisant fonction
Personnes de contact :
Hugues Falys – porte-parole : 0497 61 64 14
Thomas Huyberechts– chargé de mission politique : 0499 88 33 93 – th@fugea.be